Daniel Schinasi est né à Alexandrie en 1933. Il y suivit les cours de l'Académie d'art 'Silvio Bicchi'. De l'Egypte, son pays d'origine, il reste des traces dans ses oeuvres, mais cela se révèle surtout dans le choix des sujets. Avec sa famille, il émigre à Livourne où il forme un groupe d'amis. Il se sent insuffisant en ce qui concerne l'art. Cela le pousse à partir pour Paris où les oeuvres de Renoir, de Sisley, de Pissaro, de Monet, de Bonnard, de Gauguin et surtout de Van Gogh vont éveiller son émotion et le stimulent à agréer ces impressionnistes comme des maîtres aux côtés de Michel-Ange, de Léonard de Vinci, d'Ucello, de Botticelli, du Tintoret. Plus tard viendront s'ajouter les cubistes classiques comme Le Fauconnier, Gleizes, Lhote, Picasso, Juan Gris, Braque. Il admire aussi les expressionnistes allemands comme Franz Marc et Feininger et il essaie d'assimiler les approches diverses de ces modèles. Dans les centaines de dessins, on peut suivre ses expériences. Schinasi est un grand dessinateur : pour lui, le dessin est d'intérêt supérieur. C'est là qu'il peut exprimer de manière concise et directe ses gestations, ses idées, ses émotions, son admiration aussi, ses rêves. Ingres a dit : " Dessiner, c'est éliminer. " et Charles Baudelaire affirme : " Une figure bien dessinée vous pénètre d'un plaisir tout à fait étranger au sujet. Voluptueuse ou terrible, cette figure ne doit son charme qu'à l'arabesque qu'elle coupe dans l'espace. " Dans ses petits hommages dessinés à Boris Pasternak, à Louis Amstrong, à Renoir et à Bonnard, à Manet, à Pissaro, à Camille Corot, à Modigliani, à Marinetti, à Boccioni, ses nombreux autoportraits, les portraits de son père, de sa mère et de son épouse, il montre ce qui l'a incité mentalement, émotivement, psychiquement, esthétiquement à la création. Puisqu'il s'agit ici, au château-musée Grimaldi, d'une rétrospective, il nous faut parler des années soixante. Il épouse à Livourne Manuela qu'il va appeler Jasmine. Il visite Washington où il expose à la Corcaran Gallery, Zürich, Genève, Neuchâtel, Lausanne, la Californie, Chicago. Il entreprend ses peintures dynamiques dédiées au sport. Il vit 1968 à Paris où il réside durant deux ans. Entre-temps, son intérêt pour Boccioni, Severini, Marinetti a grandi et pour la première fois, le terme néofuturisme va être accolé à son oeuvre. A première vue, le terme 'néofuturisme' paraît quelque peu contradictoire, en ce sens que ce qui était naguère l'avenir ressort déjà maintenant du passé et ne peut plus être par conséquent 'néo'. Cela suppose toutefois qu'il y aurait quelque chose comme une continuité rectiligne dans le développement des arts plastiques. Dans un certain sens, celle-ci existait aussi très certainement du temps du futurisme original quand on croyait encore au progrès par la mécanisation et l'industrialisation. Grâce surtout à leur évolution et à leur accélération au début du XXe siècle, les nouveautés techniques permirent à l'homme de se déplacer plus vite et sur de plus grandes distances, ce qui, pour les futuristes, constituait une source de fascination constante. A l'heure actuelle pourtant, dans le 'global village' que nous habitons, les distances ont implosé et il n'est plus nécessaire de se mouvoir physiquement dans l'espace réel, mais bien virtuellement et conceptuellement dans l'univers cybernétique. Pour cette raison, à proprement parler se fondant sur l'implosion du temps par les moyens de communication qui réduisent tout à un omniprésent, éternel maintenant, le simultanéisme futuriste typique - la représentation condensée de moments qui se continuent dans le temps réel en un seul moment plastique synthétique - a gagné considérablement en éloquence. Ce qui est remarquable dans l'art de Schinasi, c'est qu'il correspond très bien à un Zeitgeist contemporain typique, prétendument 'postmoderne' : le passé et le présent ne se trouvent plus dans une continuité historique, régie et conduite par le mythe moderniste du progrès, mais sont devenus permutables. Dans le domaine des beaux-arts, il en résulte que les styles du passé ne sont plus ressentis comme des reliques, des langages inconvenants, mais comme une structure formelle applicable aux données d'autres périodes ou domaines conceptuels. De là, le fait que Schinasi utilise son style pour des hommages à Galilée, pour des oeuvres qui font référence à la culture juive où il a ses racines et aussi bien pour de grandes peintures murales que pour des toiles, plus petites, plus intimes. Sur le plan thématique, l'art de Schinasi se caractérise indéniablement par un humanisme et un anthropocentrisme prononcé : l'homme, son histoire, au travers de diverses expressions et activités culturelles, sont centraux dans l'oeuvre de cet artiste, ainsi qu'en témoigne particulièrement le grand diptyque mural de la gare de Nice. Sur le plan stylistique, Daniel Schinasi a bâti le 'néocubofuturisme', qu'il est toutefois difficile de réduire à une source uniforme d'inspiration : on peut y retrouver des éléments du cubisme analytique mais aussi synthétique ; il y a également une inspiration manifeste issue du futurisme italien particulièrement dans les oeuvres reprenant des thèmes favoris comme la représentation d'événements sportifs ; peuvent enfin aussi s'affirmer les influences plutôt tectoniques du constructivisme et du 'Bauhaus' à la Feininger. En outre, il faut remarquer que Daniel Schinasi fait un usage substantiel du vocabulaire formel des styles et des mouvements cités en histoire de l'art comme croyant à l'illusion du progrès grâce à la science. Pour le moment, le plus grand ennemi pour la survie de notre planète, ce sont les dommages écologiques que nous avons causés avec l'aide de ce progrès technologique. Néanmoins, il ne croit pas aux connotations idéologiques qui y sont associées. Il ne croit certainement pas au caractère supposé 'libérateur' et 'humaniste' du nouveau progrès technologique 'civilisateur'. Beaucoup de futuristes italiens devinrent 'fascistes' et sans la mécanisation, la Sho'ah aurait été impensable. Il peut cependant dissocier les éléments stylistiques et le vocabulaire plastique formel des données historiques, et, au-delà des barrières culturelles et historiques dans son oeuvre, rechercher l'humain fondamental quintessencié. A cette occasion, il affiche la corrélation étroite qu'il a avec l'histoire de l'humanité et avec des événements récents comme l'Holocauste. C'est par conséquent une remise en question de l'évidence du concept stylistique, mais avant tout une ode à la vie toute méditerranéenne, délicatement colorée et respirant la joie de vivre, la foi en l'homme coûte que coûte. Après un séjour à Milan et en Nouvelle-Zélande où il expose en divers lieux, après de nombreuses expositions en Italie, en Israël, en Crête, il s'établit sur la Côte d'Azur - à Nice plus particulièrement - où il se sent bien. Entre-temps, il crée et réalise de nombreuses oeuvres murales. L'une de celles-ci, à la gare de Cecina, m'a particulièrement touché : elle me fait penser aux réalisations de Roger Raveel et à celles de Paul Delvaux dans le métro de Bruxelles. A propos de son 'allant mural', Daniel Schinasi se confie : " C'est vouloir donner aux hommes un message de fraternité, sortir de mon atelier, où je suis enfermé, pour me donner aux autres, amener l'art à l'extérieur, en ville, parmi les gens. Avec les 'murales', on peut exprimer les grands thèmes comme la liberté, la paix, on peut dénoncer les horreurs et les injustices ... " Pour conclure, encore quelques mots à propos de l'illustration de la couverture, qui mérite une attention particulière, car c'est une sorte de synthèse de l'oeuvre de Daniel Schinasi. A l'avant-plan de gauche à droite, il y a Marcel Duchamp qui joue une partie d'échecs imaginaire avec Daniel Schinasi, au deuxième rang apparaissent le futuriste Boccioni qui tient une lettre renfermant son testament et Sonia Delaunay, une collègue et amie dont la gamme de couleurs a plu grandement à l'artiste, à l'arrière-plan Vincenzo Maretta, critique d'art qui suit l'oeuvre du peintre depuis longtemps déjà et dont les critiques lucides ont su stimuler l'artiste. L'espace restant sur la toile est réservé à la famille. Dans cette oeuvre importante se perçoivent les nombreuses influences qu'a subies l'autodidacte qu'est Schinasi, mais simultanément son 'horror vacui' et son talent de portraitiste. Daniel Schinasi : humanité, ferveur, créativité, persévérance. Professeur Marcel van Jole, vice-président AICA Le 15 juillet 2000 |
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Daniel Schinasi : l'enchantement d'un chef d'orchestre En mars 1995,mon ami Jacques Lepage, poète et essayiste, a situé avec superbe l'œuvre picturale de l'Italien toscan Daniel Schinasi, dont la rectitude du cheminement s'inscrit dans une voie quasi héroïque en s'affirmant dans un contexte profondément humain en dépit des hardiesses d'un style qui a su faire sien tous les principaux acquêts de la modernité de ce siècle en ces incidentes de pointe parmi les plus signifiantes depuis le cubisme et le futurisme. Je dirai que la peinture de Daniel Schinasi est toujours en mouvement. Elle fulgure souvent comme si elle se refusait à tout point mort et qu'elle continuait à mettre en action les rouages même de l'existence… Cette œuvre proprement Schinasienne ne voudrait-elle apparaître ne voudrait-elle se définir comme l'une des figures de proue dans l'ordre de marche de l'univers et nous signifier que la vie est une action qui jamais ne s'annule ? Formes et couleurs étroitement associées, jumelées dirai-je. Mais dans la surface à peindre ou à dessiner l'action est parfois en attente, sait se créer des repères des havres de silence et de réflexion avant de repartir.. Après une jeunesse studieuse, toute tournée avec ardence, depuis la Renaissance et Léonard de Vinci, vers les arts picturaux et sculpturaux en leurs pôles majeurs, Daniel Schinasi a su renouveler ce qui paraissait définitivement acquis avec rigueur : Le cubo-futurime. Et il l'a renouvelé en jumelant sans hiatus la forme et la couleur selon des perspectives nouvelles, des sonorités d'ondes inusitées jusqu'alors : Une orchestration transcendante. Les recherches du peintre dans le contexte artistique de l'époque demandaient de sa part une certaine dose d'héroïsme dans le défi affiché. Il me semble que le pari a été gagné malgré les inévitables réticences de certains critiques, qui ont parfois des vues trop sectaires sur l'évolution contemporaine des arts. …Or ce cubo-futurisme a été pris en charge par Daniel Schinasi avec le souci de le transmuter dans un ordre sociétal humain, éclairant ses perspectives d'un mieux-être collectif. D'où cette belle lumière, éclatante lumière comme immanente qui inonde les réalisations du Toscan. J'écrirai : générosité de cette lumière chantante. Auteur de maintes réalisations de dimension murale s'adressant à l'art collectif, allant au-delà du sujet proposé, Daniel Schinasi, a su faire vivre, sait toujours faire vivre dans l'architecture de ses œuvres une charpente mentale, civilisatrice qui fait honneur à ses travaux. André Verdet Juillet 2000 |
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Testimonianza per il neoumanesimo di schinasi. Come studioso del Futurismo,fin dalla seconda metà degli anni Cinquanta, era destino che prima o poi mi incontrassi con la pittura del " neocubofuturista " Daniel Schinasi, livornese, ma insediato a Nizza ormai da molti anni. Se ne scrivo soltanto in questa occasione è un puro caso, giacchè il suo lavoro lo ho conosciuto, e subito apprezzato, nell'ormai lontano 1977, in occasione di una sua personale a Roma. Devo dire che non ho mai avuto istintivamente molta simpatia per le situazioni di pretesa continuità al di là dell'inevitabile conclusione (storica) di movimenti artistici " storici ". Ricordo per esempio il Futurismo riproposto da Enzo Benedetto a Roma, dagli anni Sessanta.E' naturale che chi sia stato futurista storicamente, in gioventù, tentasse di ritornare su quelle esperienze oltre la propria maturità e in vecchiaia, cercando di rivendicare una continuità una attraverso il tempo. Ma se continuità c'è - come nel caso del lavoro di Osvaldo Peruzzi, che a Livorno ha spronato il giovane Schinasi -, questa appartiene ad una vicenda creativa del tutto propria, e in tanto conta in quanto questa risulti effettivamente evolutiva, cioè sufficientemente diversa. E si ponga dunque come valore al di là delle giovanili esperienze, legate ad un movimento storicamente concluso ; e si ponga invece in una prospettiva personale che è storica proprio perchè evolutivamente formulata al di là di tali esperienze, pur con queste mantenendo un proprio intimo dialogo. Non ho neppure molta simpatia per le intenzioni di giovani che si impanchino a " Nuovi futuristi ", come il gruppetto sostenuto fra anni Ottanta e Novanta dal mio amico Renato Barilli, e che in realtà non sono mai apparsi interessati a immaginare un futuro, ma soltanto ad interpretare, e del tutto attualisticamente,il loro presente. Il caso di Schinasi è diverso. E' nato nel 1933, giusto un mese dopo di me, ed è pittore " neocubofuturista " come io sono uno studioso del Futurismo. Cioé " a posteriori ". Il suo " neocubofuturismo " è un fatto personale, è l'etichetta che ha preferito per contraddistinguere il proprio lavoro, la realtà del quale tuttavia è una ricerca pittorica di figurazione dinamica della realtà, o - se vogliamo - di figurazione in un'ottica di intrinseco dinamismo inteso come principio di realtà. Che poi quella sua visione dinamica della realtà si configuri attraverso principi di analisi d'accenno scompositivo, e soprattutto di sintesi, con simpatia verso soluzioni che furono a suo tempo tipiche d'un dinamismo Figurativo d'influenza boccioniana, riguarda la qualità e i modi della sua pittura. La quale infatti non ha nostalgie, ma soltanto manifesta una linea genealogica di formazione che risale all'area del Cubismo e del Futurismo europei in particolare degli anni Dieci. Ma nessuno potrebbe ignorare che nella pittura di Schinasi sono presenti anche evidenti ascendenze di sintesi post-cubista, come ne circolava in Europa fra anni secondi Quaranta e primi Cinquanta. La pittura di Schinasi è insomma una realtà con la quale confrontarsi nella particolarità dei suoi modi, nella sua fiducia nel mezzo pittorico quale capacità di rappresentazione del reale, nella qualità pittorica del fare che su tale fiducia si fonda, e nella sua percezione del dinamismo come condizione più aderente alla sensibilità del nostro tempo, in un'ottica che storicamente rigurda la seconda metà del XX secolo, e ne porta l'eredità in questo affacciarsi sul XXI. E' una pittura che, fin da quando la ho conosciuta, mi ha colpito per un suo intimo rigore, del resto già subito allora confermato dall'intenso e quasi accanito lavorio nel disegno che la precedeva. Nel 1960 la sua pittura appariva fortemente materica, tendendo ad una sintesi figurativa. Ma già nel 1962 vi si riscontra un'accentuazione di sintesi, che non utilizza ancora dinamismi d'ascendenza futurista , quanto piuttosto una semplificazione dell'immagine per larghi piani cromatici, che se mai echeggia modi di sintesi figurtiva post-cubista circolanti ancora in Italia una decina d'anni prima. All'utilizzo di modi dinamici e scompositivi d'ascendenza futurista,post-boccioniana, Schinasi perviene subito dopo e lungo gli anni Sessanta, e proprio attraverso un insistito preliminare esercizio nel disegno. E' la ricerca che approfondisce negli anni Settanta, e che diviene, e tuttora è, la base del suo figurare. Che risulta rivolto a temi di vita sociale, di lavoro sia contadino, sia operaio, di occasioni sportive. Nel lavoro di Schinasi si scopre una sostanziale vena di pittore sinteticamente narrativo ( e la magggiore complessità narrativa la raggiungerà nei diversi murali realizzati fra anni Settanta e Novanta) . In questo senso sentendosi egli capace di un dialogo con la tradizione rinascimentale italiana. Schinasi è un uomo di molte esperienze, in Europa, ma il suo mondo è in fondo legato ad un riscontro di vita sociale e popolare di costa, fra la Maremma e la Costa Azzurra. La sua visione della realtà è drammatica, e percio` intrinsecamente dinamica, ma sostanzialmente positiva, in quanto esprime una fiducia nella vita, non futura ma attuale, anzi di una visione della vita nella quale si esprimano radici di vitalità popolare. E in questo c'è un'istintiva eppure ben consapevole intenzione di riaffermazione di valori, contrastando le facili lusinghe del consumismo e dell'innovazione tecnologica, e mirando invece alla sfera umana, attuale ma antica. Forse la positività della visione di Schinasi si afferma proprio attraverso una penetrazione luminosa - e nei dipinti più recenti anche un'accentuazione coloristica - che pervade intimamente la sua visione dinamica. E si manifesta sostanzialmente in una difesa neoumanistica. In una lunga lettera sul proprio lavoro (datata Cecina 12 luglio 1986), mi scriveva, fra l'altro : " Dunque scomposizione della luce, dello spazio e del tempo, velocità dinamicità e simultaneità a dimensione d'uomo nella nostra civiltà tecnologica e consumistica. La conquista è la chiara volontà di opporsi agli estremismi del Cubismo e del Futurismo attraverso la lezione della grande scuola Umanistico-Rinascimentale che mi ha permesso di mantenere integre le immagini dell'uomo, della natura e delle cose a differenza di quanto avevano fatto i movimenti dell'Avanguardia Storica. Riuscire a creare la dinamicità, la velocità nell'opera senza ricorrere alla deformazione " mostruosa " dell'immagine è una grande conquista caro Crispolti e chi non vuole essere convinto, lo sarà in un prossimo futuro ". Schinasi è un solitario, come è giusto che sia. La sua pittura procede dai primi anni Sessanta secondo una propria linea evolutiva interna, senza sussulti, senza salti, con un'intima fiducia nel mezzo e nell'uomo, e con risultati personali, di indubbia qualità. Enrico Crispolti Juillet 2000 |
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N'est-ce point sous le signe de la persévérance que l'on peut situer l'œuvre de Daniel Schinasi? Elle semble s'astreindre à une rectitude où les écarts sont encore une façon de mieux préciser l'intégrité de sa décision. De 1960 à 1995, dans un espace de 35 ans, se lit une analogie d'une même détermination. Le monde autour de lui bascule, cubisme, futurisme ont cessé. Leur lieu est devenu le Musée et lui va, monolithe, donnant à voir le visage de l'homme dans ses textures fondamentales. Les vagues de l'abstraction, le culte de l'objet, le minimalisme déferlent et Schinasi enfante une sorte de message humaniste. C'est un roc. Analyser l'œuvre de Schinasi à travers tel ou tel moment de son histoire, d'un autoportrait (1956) aux grands muraux des années 80, n'est-ce pas désensabler un discours permanent, dire et redire que Schinasi n'a pour but qu'une nécessité, le corps à corps avec ce qui constitue la véracité de l'humanité, sa morphologie mouvante dans l'espace. Il élabore ainsi une œuvre considérable, par le nombre de pièces exécutées certes, mais plus encore par sa recherche sur l'authenticité de l'individu. Dans un moment de nos civilisations où le réel "cesse" d'avoir une existence ontologique, Schinasi, par une stimulation concrète de notre sensibilité et de notre appréhension artistique, réalise une restitution de l'existence même. On pourrait conclure en écrivant que, comme le sophiste grec, il prouve le mouvement, non par le discours, mais en marchant. Jacques Lepage Nice, mars 1994 |
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